Pourquoi cultiver en permaculture?
La permaculture à quoi ça sert ? Pourquoi cultiver de cette façon ? Autant de questions que le jardinier amateur ou que le cannabiculteur avisé peut se poser.
Chez High Garden nous avons fait le choix de favoriser la biodiversité en cultivant notre cannabis en permaculture dans un jardin potager. Cette décision a pour conséquence d’augmenter notre travail annexe à la culture de cannabis, et de réduire notre espace de culture qui y est dédié, alors pourquoi cultiver le cannabis en permaculture ?
Qu’est-ce que la permaculture ?
La permaculture est une façon de travailler la terre qui tente de respecter au mieux la nature. Le but est de créer un écosystème équilibré en prenant en compte les besoins de chaque élément le composant. C’est une technique qui favorise l’association de plantes.
Elle s’oppose à la monoculture, et à l’agriculture intensive qui a pour vocation de cultiver une seule espèce sur un terrain. La monoculture est une technique demandant beaucoup d’espace puisque les plantes ne peuvent pas partager les ressources. Par exemple, sur un mètre carré ne poussera qu’une seule plante de cannabis. En permaculture, sur le même mètre carré, il y aura également un ou deux plants de haricots, des capucines et du basilic. Mais il ne s’agit pas simplement de mélanger toutes les espèces. La permaculture demande un intérêt pour chaque plante, de connaitre ses besoins, ce qu’elle aime et ce qu’elle déteste.
Un gendarme
Cet auxiliaire mange les oeufs de pucerons et d’autres insectes.
À quoi sert la permaculture ?
La permaculture ne sert pas seulement à protéger l’environnement en évitant l’utilisation de produits chimiques, elle a surtout vocation à rendre nos cultures plus productives et durables.
La monoculture a montré ses limites. Elle appauvrit la terre en réclamant toujours les mêmes nutriments, attire beaucoup de ravageurs, elle nécessite de raser des forêts entières, et favorise les transports à travers la planète de fruits qui ne sont même pas arrivés à maturité. Même si elle permet de nourrir une partie de l’humanité, la monoculture n’est pas qualitative et cela se ressent tant dans notre assiette que dans notre jardin potager.
La permaculture nécessite de connaitre les plantes. Par exemple, les pommes de terre et les tomates sont des Solanacées, ce sont des plantes de la même espèce. Il faut éviter de les cultiver au même endroit, car ça s’apparenterait à… de la monoculture. Elles sont sensibles aux mêmes ravageurs et aux mêmes maladies, elles ne se protégeraient pas l’une l’autre et se nourriraient des mêmes nutriments dans le sol. Il est aussi important de faire de la rotation des cultures d’une année à l’autre, pour laisser au sol le temps de se régénérer des nutriments qui ont étaient puisés par la plante et éviter d’appâter définitivement ses prédateurs. Le cannabis étant une plante annuelle, il faut aménager chaque année un espace de culture. Ne pas savoir que les pommes de terre et les tomates ne peuvent pas se succéder sur une parcelle serait vraiment dommage. S’intéresser à la permaculture cela sert avant tout à mieux connaitre notre environnement et son écosystème.
Parallèlement, certaines plantes sont bénéfiques pour les autres. Elles sont appelées plantes campagnes.
Prenons un exemple bien connu, une technique de permaculture traditionnelle que l’on dit des trois sœurs, ou milpa. Elle consiste à faire pousser ensemble des haricots, du maïs qui sert de tuteur aux haricots, et des courges qui servent de paillis aux pieds des maïs et des haricots. Cette association n’a que des avantages :
- Les courges poussent au sol et leurs feuilles servent de paillis. Le paillis limite l’évaporation de l’eau du sol, et réduit le nombre d’arrosages et la quantité d’eau utilisée. C’est la technique de permaculture la plus simple à mettre en place pour tout jardinier amateur, et la plus économe.
- Les haricots produisent de l’azote dans le sol, un « engrais » qui favorise la croissance et la floraison chez de nombreuses plantes, dont le cannabis. Il est ainsi judicieux d’avoir des plantes de haricots au pied de notre cannabis, afin d’éviter l’ajout d’un engrais azoté.
- Le maïs sert de tuteur aux haricots sans être en concurrence avec les courges. Penser en étage est aussi important. Connaitre quelles plantes poussent au sol, lesquelles grimpent, lesquelles ont besoin d’ombre et lesquelles ont besoin de soleil vous sera très utile. Cela permet d’augmenter le nombre de variétés présentent sur le même espace et de finalement gagner de l’espace.
La démarche est également plus globale. Si vous souhaitez attirer des insectes pollinisateurs comme les abeilles pour favoriser la reproduction de vos courges, il leur faudra un lieu où loger (un essaim ou une ruche), beaucoup de nourriture (des fleurs mellifères) et un point d’eau. Si vous voulez attirer des coccinelles pour qu’elles vous débarrassent des pucerons, il faudra les laisser se développer un peu dans votre jardin. Sans garde-manger à proximité, les auxiliaires n’établiront pas de colonie. Il faut donc accepter un petit quota de perte, et/ou placer des plantes qui attirent les ravageurs afin des les localiser dans votre jardin potager. Les capucines seront vites envahies de pucerons, ce qui vous permettra de réguler leur population tout en protégeant vos cultures favorites.
La permaculture sert finalement à économiser de l’argent, du temps et de l’espace. En effet, ça permet de réduire la surface globale de terrain à entretenir, de réduire le nombre d’arrosages, d’éviter des engrais, et des traitements. Cela implique des plantes en meilleure santé et plus productives. Un écosystème autonome demande moins de temps et d’argent pour le faire fonctionner.
Des courges musquées
Les curcubitacées servent de paillis aux pieds de cannabis.
Comment la permaculture sert-elle chez High Garden ?
Chez High Garden, nous nous sommes notamment inspirés de la technique des trois sœurs, en remplaçant le maïs par le cannabis. Cela nous permet un gain de temps : moins d’arrosage, moins de traitement, car moins de ravageurs et de maladies.
La permaculture a plusieurs avantages. Nous ne mettons pas de plante qui est en concurrence avec le cannabis, nous ajoutons seulement des plantes qui peuvent pousser en même temps, sur le même espace, sans piquer de ressource au cannabis et idéalement en lui apportant un atout.
Déjà, cela nous permet de profiter une grande partie de l’année de notre travail de la terre. La superficie que nous exploitons permet de couvrir nos besoins en légumes, fruits et herbes aromatiques une grande partie de l’année. Cultiver uniquement du cannabis n’empêche pas de devoir désherber, arroser, biner, ce qui rend l’association de plantes rentable en temps.
Par ailleurs, les autres plantes compagnes peuvent aider à prévenir d’un ravageur ou d’une maladie. Nous avons de la bourrache qui est une plante aimée par les fourmis pour y élever les pucerons. La quantité de pucerons présents sur la bourrache nous permet de connaitre le développement de la colonie et éventuellement de faire un traitement au savon noir si le nombre d’œufs explose.
Les cucurbitacées sont très sensibles à l’oïdium. Repérer des traces d’attaque fongique précocement dans la saison peut inciter à faire un traitement préventif sur le cannabis en croissance au Fenicur par exemple qui est un produit à base de fenouil inoffensif pour les auxiliaires.
De plus, c’est un gain temps. Nous arrosons moins grâce au paillis, nous avons moins de ravageurs et moins de maladies, donc nous ne devons pas traiter, soigner. Les haricots fournissent de l’engrais : nous laissons plus la nature faire. Entouré d’un verger et d’abeilles sauvages, notre emplacement est idéal, nous devons simplement protéger ce que nous possédons : de l’eau de source, un sol, des insectes pollinisateurs, et des auxiliaires.
Le résultat final est un cannabis qui se développe en harmonie dans la nature et pas au détriment de sa diversité. Les abeilles sont heureuses de cohabiter dans ce jardin en permaculture, là où la monoculture de cannabis aurait impliqué la destruction de leur habitat à cause des traitements chimiques et de l’absence de nourriture mellifère. La permaculture est un pari sur le long terme, où nous cherchons à enrichir la biodiversité plutôt que de l’appauvrir.
Comment cultiver du cannabis en permaculture ?
Il faut penser aux forces et faiblesses de votre environnement. Connaitre votre sol, l’ensoleillement, la quantité de pluie, vous permettra de choisir les bonnes variétés de plantes à cultiver. Toutes les plantes de cannabis n’ont pas besoin du même climat. Les variétés Ruderalis (autofloraison) auront besoin de 20 heures de jour constant pour développer tout leur potentiel. D’autres détestent l’humidité, ou craignent le froid. Choisissez la variété qui vous convient.
Ensuite, il faut estimer quelles autres plantes peuvent être compagnes. Le cannabis n’aime pas le surarrosage, vous ne pourrez donc pas mettre d’épinards à ses pieds. Par opposition le thym aimant la sécheresse il serait vite inondé près du cannabis. Pensez donc à planter à proximité des plantes ayant des besoins similaires en eau et en sol.
Lorsque vous lirez de la littérature à ce sujet, nous vous conseillons de considérer le cannabis comme du houblon, puisque c’est de la même famille. Malheureusement, vous remarquerez vite qu’il y a peu de littérature sur la culture du houblon en permaculture, pour l’instant. Nous vous conseillons donc de vous baser sur la tomate. La littérature à son sujet est florissante, et le cannabis a des besoins suffisamment similaires pour que les deux soient assimilés lorsque l’on prévoit son jardin en permaculture.
Bon jardinage !
Une syrphe
Les syrphes sont d’excellents alliés au jardin. Leurs larves mangent les pucerons et les végétaux en décomposition tandis que les adultes sont d’efficients pollinisateurs.